ARTICLE V : l’impact de la numérisation sur la vie privée
Dans l’étude Needle susmentionnée, à la question « dans quelle mesure craignons-nous ou non les avancées technologiques ? », 48 % des personnes interrogées ont répondu ne pas vraiment les craindre, 35 % les craindre moyennement et 16 % en avoir très peur. Il est également clair que la confiance dans les achats en ligne, les chatbots, les services bancaires en ligne et le paiement par Smartphone en magasin soulève à la fois des contestations et des questions quant au degré de menace pesant sur notre vie privée.
Depuis les révélations d’Edward Snowden au sujet de l’espionnage massif des services de sécurité américains et britanniques, nous savons que la confidentialité est souvent bafouée. Dans un article de blog pour Google en 2014, Tim Berners-Lee, fondateur d’Internet, a déclaré qu’il était grand temps de rédiger la Constitution d’Internet. Quelques années plus tard, nous sommes encore loin de la transparence et de la clarté. Il suffit de penser aux interminables conditions d’utilisation qu’on est censé lire avant de marquer son accord et aux innombrables applications sur nos Smartphones qui « collectent » sans notre permission plus de données à notre sujet que nous le voudrions. Elon Moglen affirme que le problème ne réside pas dans le partage d’informations avec d’autres personnes via le Web ouvert à tous: le problème, c’est qu’une seule personne (Marc Zuckerberg, CEO de Facebook) a accès à ces données et les revend à des annonceurs. Dans son ouvrage On/Off. Op zoek naar balans in digitale tijden (2017), Sidney Vollmer estime que nous devrions pouvoir déterminer nous-mêmes à qui vendre éventuellement nos données, ce qui nous permettrait au moins d’en partager les bénéfices. Et pas seulement nous d’ailleurs: le gouvernement devrait, lui aussi, avoir son mot à dire et pouvoir protéger ou crypter nos données.
Il est de toute évidence impossible d’arrêter le grand huit numérique sur sa lancée. L’assistant personnel Siri d’Apple – qui réagit à la voix et répond aux questions – ou Alexa d’Amazon – qui se connecte aux lampes Philips, à la météo, à Wikipédia, etc. – ne sont là que quelques exemples parmi tant d’autres d’une société radicalement nouvelle. Peut-être devrait-on, comme le suggère Elon Moglen que nous venons de citer, quitter tous massivement Facebook et opter pour la plateforme plus éthique Diaspora pour ne plus avoir à craindre ce que Zuckerberg et consorts mijotent encore avec nos informations « volées ».
Lisez aussi :
Article I: l’impact de la numérisation sur le marché d’emploi
Article II: l’impact de la numérisation sur le secteur bancaire
Article III: l’impact de la numérisation sur le secteur de la santé
Article IV: l’impact de la numérisation sur les pouvoirs publics