ARTICLE I : Quel est l’impact de la numérisation sur le marché de l’emploi ?
L’ère du numérique est bel et bien arrivée : les drones, l’Intelligence artificielle (IA), la blockchain (chaîne de blocs), les voitures autonomes, l’habitat intelligent, etc. sont en train de révolutionner notre quotidien sous tous ses aspects. Quel travail exercera-t-on d’ici dix ans ? Quel mode de paiement utilisera-t-on ? Qui s’occupera de nous à nos vieux jours ? Comment évolueront nos relations avec les pouvoirs publics ? Et que restera-t-il de notre vie privée ?
Indiville a recueilli quelques déclarations/rapports remarquables à ce sujet, assortis de résultats provenant de nos recherches personnelles sur la façon dont le citoyen vit actuellement ces changements.
Pour commencer, il est bon de savoir que toute nouvelle technologie traverse les cinq phases du cycle du hype de Gartner : il est d’abord question du lancement, qui évolue vers le pic des attentes exagérées, avant une chute abrupte dans le gouffre des désillusions (« les maladies de jeunesse » ) pour n’arriver qu’après avoir passé la pente de l’illumination à la véritable maturité. En d’autres termes : le cycle de vie d’une nouvelle technologie ne se déroule pas sans encombre.
L’histoire nous apprend que les nouvelles technologies, comme actuellement la numérisation et l’automatisation, entraînent toujours du chômage, de l’incertitude et des inégalités. Les économistes Carl Benedikt Frey et Michael Osborne concluaient déjà en 2013 que 47 % des emplois couraient un risque significatif de disparaître dans les 20 ans, alors que les postes où les relations humaines jouent un rôle important avaient, selon eux, de plus fortes chances de perdurer. Ainsi, les voitures, camions et bus autonomes rendront inutile la profession de chauffeur dans un avenir prévisible ; les métiers d’agriculteur, facteur, imprimeur/éditeur, services de livraison, dispatcher, etc. semblent également menacés.
Le rapport Économie numérique et marché du travail du Conseil Supérieur de l’Emploi souligne que la robotisation ne fait pas en soi que détruire des emplois ; les robots peuvent aussi jouer un rôle complémentaire en améliorant les conditions de travail et la productivité. En outre, le marché du travail est capable de s’adapter si les individus et organisations prennent le temps de se réinventer en développant de nouvelles compétences, de nouveaux modèles commerciaux et de nouvelles structures organisationnelles. Le nombre d’emplois en haute technologie a ainsi connu une progression de 22,3 % entre 2000 et 2011 dans notre pays, contre 8,6 % de hausse pour les autres emplois. La Belgique va jusqu’à afficher un meilleur score dans ce domaine que plusieurs de ses pays voisins. Il est évident que, outre les emplois pour la production et l’installation de technologies, de nouvelles professions émergeront en raison de l’abondance des big data, du développement de l’IA et de la robotique, et face au besoin de cyberrésilience, de régulation et de contrôle.
Une transition en douceur constitue un élément crucial dans cette (r)évolution. Dans la note De transitie naar een digitale samenleving, le Sociaal-Economische Raad van Vlaanderen (SERV) constate qu’on ne sait pas exactement combien de temps cette transition durera, ni s’il est question d’un processus temporaire ou continu, ni qui sera le plus grand bénéficiaire. À cet égard, les déclarations de Bill Gates selon lesquelles les robots qui remplacent les travailleurs devront payer des impôts sont pertinentes, tandis qu’Elon Musk (CEO de Tesla) estime qu’il n’y aura nul autre choix que l’instauration d’un revenu de base universel.
Lisez aussi :
Article II : L’impact de la digitalisation sur le secteur bancaire.
Article III : L’impact de la digitalisation sur le secteur de la santé.
Article IV : L’impact de la digitalisation sur les pouvoirs publics.
Article V : L’impact de la digitalisation sur la vie privée.